Almée, la geisha des harems.

Les états sonores d’Almée, c’est une exploration pudique de l’essence des humains. Un podcast, bien sûr, mais aussi une inspiration pour les chansons.  Une réflexion sur les mots. Depuis son premier clip, Préliminaires avec Nicolas Ullmann sorti en avril 2020, puis “Plonger”, réalisé par ALB (Clément Daquin), Almée, la geisha des harems, compose au piano des mélodies qui accompagnent son écoute des autres.

Pour ce nouvel EP, “La Source Vive”, elle poursuit son expérience de l’histoire de la musique électronique au service de l’inconscient collectif. C’est avec la voix de son grand-père qu’elle ouvre ce 6 titres. Une interview des rescapés de la Shoah retrouvée, chérie et déposée là avec tendresse et rythmique percussive, droit au cœur, sur “C’est vrai”.

De l’intime au collectif, elle touche à l’universel, la source vive de la poésie. De l’électronique aux synthés analogiques, elle sort des clichés de la pop électro, pour parler vrai. Les choix du parlé ou du chanté, de l’inspiration musicale, sont pesés, ils doivent avant tout servir un propos. Une idée. Un témoignage. Almée observe les autres, elle avoue d’ailleurs dans le deuxième titre du disque, James Dean, qu’à tant contempler le monde sans bouger, elle finit par se demander s’ il ne tourne pas sans elle. Après son séjour à Los Angeles, elle s’interroge sur le rôle des idoles.

Ici, musicalement « James Dean » a plutôt des allures de Ryan Gosling dans Drive, mais le refrain est clair, en regardant les étoiles, on se sent tout petit. Dans ce titre, on devine l’océan, un road trip romantique. Il est riche en références, ce nouvel EP d’Almée, du cinéma à la littérature, du classique piano au disco. Oui !

Le single titre du disque “La source vive” est même disco ! Car, il n’y a pas que la tête dans la vie, il y a aussi les jambes. Elle danse, joue avec la sensualité, ajoute des tas d’effets, maquillage de fête sur sa voix, pour célébrer le plaisir de plaire et de lâcher prise.

C’est là son talent, elle pousse les murs, cherche le cœur même en pleine guerre. Odessa, ville joyau d’Ukraine, souffre au présent mais aussi au passé, elle en fait une mélancolie, son premier voyage seule, sur des faux airs de Sébastien Tellier, elle effleure encore l’histoire de son grand-père mais surtout celle de l’émerveillement face à la beauté. Et puis, il y a l’amour, la tectonique des plaques sur “Les continents”, l’Europe et ses choix uniques de sonorités TR8, mini Korg, pour nous parler d’amour, la dérive de nos histoires en histoires.

Et, c’est par un hommage, qu’elle clôt son regard toujours porté sur les autres. Une reprise analogique, d’un titre synthétique, sorti en 2015, Leviathan de Flavien Berger. Elle l’a jouée au festival des “36 heures de Saint Eustache”, on y retrouve cette ligne tacite, une réflexion entre le sacré et le profane avec Tamar Su, chanteuse israélienne, qui adapte le texte en hébreux et Alice Rémy la chanteuse de June and the Jones.

C’est par cette tendre envolée qu’elle nous laisse rêver. Almée offre toutes les places à nos imaginaires à la source de sa poésie vive. 

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